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    Dimanche en famille chez L'Enfumé. par G.M.Néoletto.
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    C'était un dimanche, Pervenche ma compagne n'avait pas envie de faire la cuisine: décongeler un gigot, des flageolets, une tarte aux pommes, un Pommard et deux espressos était au dessus de ses forces alors je lui ai proposé d'aller déjeuner au bistrôt en bas de chez nous : chez l'Enfumé.

    C'est un établissement modeste tenu par deux frères corses Ange et Toussaint Dupontcelli, il fait aussi bar-tabac-PMU, jusqu'à présent nous évitions plutôt de nous y rendre, il méritait bien son nom et il était constamment enfumé mais aujourd'hui grâce au progrès des esprits c'est différent et une famille comme la nôtre peut maintenant se rendre dans de tels établissements sans crainte de l'être : « enfumée ».

    C'est d'autant plus important cette histoire de tabagisme passif (157896 morts les années non venteuses selon les derniers chiffres publiés par L'INFEE : Institut National de Falsification d'Etudes Economiques) que depuis six mois nous accueillons chez nous les sœurs Stopanoviç, Ebriéta et Ethilica, les mères porteuse de nos  futurs enfants ( un garçon, une fille !) ce sont des filles charmantes, des prukhménes très saines, qui contre le versement de 15000 teuros (elles nous ont consenti un prix de gros) et quelques défraiements ont bien voulu nous rendre ce service, Pervenche avec son travail au journal ne pouvant pas supporter nerveusement et physiquement en ce moment une grossesse, certes après il faudra les élever, mais si Pervenche ne s'en sent pas tout de suite la force, nous aurons toujours la possibilité de les congeler, il faudra que je pense à ranger le congélateur d'ailleurs.

    Nous descendons donc tous les quatre et nous nous attablons dans la salle du fond. L'endroit est assez peu fréquenté, quelques turfistes attardés au comptoir, la cigarette non allumée au bec, qu'ils noient dans l'apéritif à chaque gorgée. C'est un spectacle assez désolant.

    L'un des frères vient prendre notre commande sans trop d'amabilité:

    -Aujourd'hui c'est gigot-flageolets-tarte aux pommes avec un demi pommard ?

    -Euh très bien... et vous ajouterez deux expressos !

    -Je prendrre un aussi ! Insiste l'une des sœurs Stopanoviç. Je ne saurais dire laquelle, elles se ressemblent tellement.

    -Non, non pas de café après le septième mois de grossesse. Rectifie Pervenche en mettant sur la table le contrat de bail de mère porteuse.

    L'autre sœur Stopanoviç se lève, un peu en colère

    -Pisser je pouvoir oui ?

    Elle part aux toilettes pendant que je contemple la salle, elle s'est soudain remplie pour le déjeuner: des hommes en costard sport, élégance tweedée à l'italienne avec Rolex et grosses gourmettes en or et des femmes en vison et perles.

    Une presse étonnante pour un bistrôt de quartier.

    Ange Dupontcelli s'empresse à la table à côté de la nôtre, il  baise la main d'un homme d'une cinquantaine d'années en s'inclinant comme devant un évêque.

    -Don Vito Mayonnésé c'est un grand honneur qu'est-ce que je vous sers ? Je vous mets un chevreau à la broche...

    -Ne te dérange pas Ange, donne-nous le plat du jour, j'attends des amis.

     Le plat du jour il nous arrive justement :

    -Pour que ce soit plus commode, j'ai tout mis dans la même assiette. Nous explique le frère de l'Ange en alignant devant nous des assiettes débordantes où une tarte aux pommes encore gelée cousine avec un gigot flageolet qui perd les eaux.

    -J'ai plus faim avoir !

    Pervenche se permet un nouveau rappel au règlement :

    -... art 24b de la convention : vous devez vous nourrir correctement !

    -Oui mais ça pas korrek nourriture !

    -Mais cela m'a l'air délicieux au contraire! Dis-je pour calmer les esprits en commandant un autre demi pommard, Pervenche très remontée vient de siffler le premier.

    A côté de nous Don Vito Mayonnésé a renoncé prudemment au plat du jour et tourne son café avec sa cuiller en regardant la porte fixement.

    -Jé pas sentir bien moi ! S'exclame soudain la seconde Stopanoviç en repartant vers les lavatories.

    -Jé aider elle pour  sé sentir mieux ! Nous crie l'autre sœur Stopanoviç en rejoignant sa sœur.

    -Elles commencent à m'emmerder les prukhménes ! Lâche Pervenche en se resservant en Pommard,.

    Quand même notre dimanche en famille est mal parti pensai-je tout en commandant cette fois une caisse de Pommard, c'est vrai quoi. je l'ai même pas encore goûté.

    -Je vais aller voir ce qu'elles font ces deux folles ! Décrète Pervenche en titubant vers les toilettes son contrat de location de ventre à la main.

    C'est alors que la porte de L'Enfumé s'ouvre en grand et trois types entrent fusil d'assaut à la hanche :

    -PamPamPaooooum !

    Cela se met à tirer de tous les côtés, enfin plutôt du côté de chez moi, mais ce n'est pas moi que l'on vise mais Don Vito Mayonnésé qui se planque derrière sa blonde envisonnée en balançant de temps en temps un coup de Colt 45 à destination de ses agresseurs de plus en plus agressifs.

    Les frères Dupontcelli ont sorti les fusils de chasse et les vitrines explosent.

    -Merde je m'ai tâché ! M'exclamé-je à mon tour en voyant une grosse tâche de Pommard sur ma chemisette... mais c'est pas du Pommard c'est du sang.

    Je m'évanouis à peu prés, cela ne sent pas bon, je crois bien que je m'ai fait dessus, j'aperçois Pervenche qui revient dans la salle de l'Enfumé, elle est très colère et à peu prés saoule, elle m'aperçoit et se met à gueuler :

    -Ces deux petites salopes ont accouchés dans les chiottes et elles se sont taillées avec nos mômes !

    -Vous parlez d'un dimanche en famille ! Murmurai-je avant de m'évanouir tout à fait.

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    Je me réveille dans la soirée couché, bandé, perfusé dans un lit d'hôpital, un type rigolard attend que je me réveille :

    -HouHou... vous pouvez causer ? Coucou c'est la police !

    -Jé avoir rien fait... jé être innocent tout à fait... Merdouillai-je.

    Voilà que je me mets à causer Prukhméne, sans doute le choc

    -Mais on sait bien mon gars mais expliquez-moi ce qui vous a pris d'aller bouffer en grande banlieue un dimanche dans un bar à proxos et interdits de séjour où même la dame pipi émarge au fichier du grand banditisme! Enfin vous un père de famille ?

    -Même pas...


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    Hommage national au dernier soixante huitard : Jean-Loup Laturlupe.

    « Jean-Loup Laturlupe .Engagé volontaire en sociologie au XXII° Censier dés le début du conflit, il est tout de suite envoyé sur le front à Nanterre il n'a pas dix huit ans, il affronte les CRS et lors de son premier engagement , perd trois dents et a deux solex tués sous lui, dont celui de sa sœur, qui ne le lui pardonnera jamais, appelé à La Sorbonne en renfort,  très vite il organise la défense retranché dans une vespasienne, il tient quatre jours et trois nuits, les vivres manquent, il mange son dernier choco BM et il boit son urine puis celle d'un camarade diabétique, plus sucrée et donc plus agréable au goût. Au quatrième jour la position est évacuée vers une épicerie Amiot encore ouverte, Jean-Loup Laturlupe malgré une panne de mobylette (celle d'un copain) rejoint le pavillon familiale à Suresnes pour une courte permission au cours de laquelle il se prend deux baffes de sa mère et un coup de pied au cul de son père : « Non mais quel petit con ton fils Germaine ! », il rompt définitivement avec sa famille et la bourgeoisie répressive. Il rejoint l'Odéon sur le vélo de sa Tata Rirette, participe à sa défense, (de l'Odéon pas de Tata Rirette !), il a une très courte liaison avec  Madeleine Renaud dans les toilettes du Théâtre National d'où il est expulsé par Jean-Louis Barrault : « Eh bien Madeleine, on fait dans le boulevard maintenant! »

    Il tente de rallier les ouvriers de l'usine d'accumulateurs Chapoto & Fils de Pantin  à la cause de la révolution mais il est très vite pris à partie et repeint au minium dans les parties les plus libérées de son individu il ne doit son salut qu'à l'arrivée des vigiles de l'usine au moment de la deuxième couche.

    Entre-temps il a rejoint l'Organisation Prolétarienne des Travailleurs Révolutionnaires (OPTR) de tendance apéro-trostsko-digestivo-maoïste fondée par son cousin Jean-Claude Bénard étudiant en Lettres modernes qui occupe l'imprimerie de la Corpo Lettres, très vite une scission intervient et pour continuer la lutte il part avec les cotisations pendant que son cousin Jean-Claude déménage la presse Heidelberg et se lance dans l'impression de photos de cul pigallesques pour touriste en goguette.

    Lorsque la répression policière s'abat sur les acteurs de Mai, Jean-Loup Laturlupe entre dans la clandestinité en même temps que dans un sixième sur cour. Dénoncée par sa concierge :  « Je l'ai repéré tout de suite à cause qu'il avait des cheveux sâles et longs monsieur le Commissaire. Il y a pas de prîmes ? Pendant la guerre on avait une prime de rendement des allemands quand on dénonçait suffisamment, ça complétait bien! » 

    Gardée à vue, torturé par mégarde : « Faites escuse le café qu'est trop chaud ! », il est relâché sur intervention de sa maman et de sa tata Rirette.     

    Réformé à titre psychiatrique par l'institution militaire: « On sait bien que tu fais semblant d'être dingue mon gars mais tu fais si bien semblant que ça m'étonnerait que tu sois pas un peu touché, et comme on a déjà notre dotation de connards on préfère pas s'encombrer... et puis il y a ta Tata Rirette qui nous a emmerdé toute la semaine pour qu'on t'envoie pas en Allemagne alors quand on peut faire plaisir et que ça nous débarrasse! »    

    Il part pour Katmandou sans Tata Rirette... mais s'arrête à Romorantin où il fonde un ashram, fermé quelque temps après à la demande des voisins pour raisons sanitaire:  « Y couchaient avec des petite gamines de treize ans et même y venaient tourner autour de nos p'tits gars, y te ramassaient jamais leurs poubelles ces cochons-là, y sortaient de là des rats gros comme des chats monsieur le commissaire ! »

    Pompiste situationniste intérimaire sur la route de Deauville il se fait dédicacer des pare-brise  de célébrités, il enrhumera ainsi Claude Lévi-Strauss, Edgar Morin et Roland Barthes réunissant un  ensemble d'œuvres qu'il exposera par la suite à New York avant d'être vendu aux enchères avec un grand succès en 1999.

    Avec son cousin Jean-Claude qui a brillamment réussi dans le proxénétisme hôtelier, ils se lancent dans le combat du féminisme et de la libération sexuelle, ils mettent sur le trottoir... des Studios de Boulogne, une jeune actrice inconnue et qui le redeviendra très vite avant de se suicider : Marlène Jobard, avec laquelle il tourne un long métrage : « La chauffeuse »,  dénonçant l'hypocrisie sexuelle bourgeoise, le film du fait d'actes sexuels non simulés est interdit de diffusion par la censure mais il sera vendu à une dizaine de pays d'Amérique du sud aux mœurs notoirement plus évoluées et il est encore aujourd'hui au programme des cinémathéques de quelques bobinards pour mineurs chiliens; dans le même temps il milite pour le prélèvement libératoire sur les actions et l'avortement tout aussi libératoire. Entrepreneur infatigable il participe à la création de BLC (Bénard, Laturlupe & compagnie) International, groupe très actif dans la production de cassettes pornographiques VHS, la presse de cul institutionnelle et le minitel rose (3615 Ma Foune 7,45 F /min). En 1981 il est nommé Inspecteur Général des Tabacs et Allumettes (comme ça pour voir !) et appelé au cabinet du ministre du temps libre, où il montre la plus grande activité, il poursuit dans divers cabinets ministériels, conseiller technique au cabinet du ministre de l'industrie il y promeut la nationalisation prolétarienne des moyens de production puis le libéralisme d'état subventionné à finalité privative, à la Défonce Nationale il revend à son seul profit au Sri Lanka une partie de la flotte de Méditerranée, organise une loterie payante pour les promotions internes et institue un droit de cuissage sur les stagiaires. Militant antiraciste, co-fondateur de l'ONG Concussionnaires Sans Frontières (CSF), la conscience toujours en éveil, tout au long de sa longue carrière Jean-Loup Laturlupe  aurait mérité d'être médaillé plusieurs fois par les assises de la Seine mais il préférera toujours la discrétion et collectionnera les non lieux.

    Jean-Louis Laturlupe était Grand officier de la Légion d'Horreur, compagnon de la Libération (sexuelle), Médaillé de la Résistance (au Flan National et à la streptomycine), Croix de Paix avec palmes (de canard). Vice-Président de l'Union  Départementale des Anciens Cons Bâtés de Mai 68 du Loir et Cher. 

    Toute ta vie Jean-Loup Laturlupe tu te seras battu pour une seule cause: ton rond de serviette, un seul idéal: ta quéquette. A toi le dernier des com... battants de Mai 68 hommage te soit rendu  par la nation... convalescente! »


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